Figuig : Vue sur le nouveau ksar de Zénaga depuis la terrasse de l'hôtel Figuig.
A 376 kilomètres de Oujda, l'oasis de Figuig est la plus orientale et la plus septentrionale des oasis du Maroc. Une fois passés le col de Jérada dans un épais brouillard en cette fin d'année 2007 et le gros bourg de Aïn Benimathar, immobile sous le givre , la route s'élance vers la haute plaine du Dahra . Une route toute droite comme je les aime avec à l'horizon, l'espoir de paysages splendides, de vie, et de rencontres .
L'oasis de Figuig ne nous décevra pas.
Partagé en deux par la frontière algérienne, l'oasis de Figuig au fond d'une cuvette à 900 mètres d'altitude, s'étend sur environ 35 kilomètres carré Il est composé de six ksour coté marocain , celui de Zénaga étant le plus important
Du temps où la frontière était ouverte, Figuig était un très grand centre de marché et d'échange entre les produits du Soudan qui arrivaient deux ou trois fois par ans par les caravanes venues du Gourara distant de seize jours de marche et ceux venus d' Europe ou d'Asie. Soies, coton, toiles, sel, armes, poudre, et menus objets manufacturés s'echangeaient contre de l'ivoire, de la poudre d'or, des plumes d'autruches du cuir et ... des esclaves aussi hélas .
Nous verrons que les échanges aujourd'hui sont bien plus locaux mais, en attendant le jour du marché, visitons les ksours marocains de Figuig en compagnie de Mohammed Slimanie .
Figuig : entrée dans le Ksar de Zénaga porte sud.
Jusqu'à présent, je pensais qu'un ksar était juste une forteress assez réduite mais les ksour autour de Figuig sont de véritables villages ceints de hauts murs de torchis, débouchant sur la palmeraie .
Une rue du ksar de Zénga .
A l'intérieur du ksar, tout un dédale de petites rues couvertes pour se mettre à l'abri de la chaleur intense en été et du vent glacial à cette altitude en hiver . Nous croisons des gens à vélos, des ânes chargés de luzerne , des enfants espiégles et des femmes vaquant à leurs occupations,qui tous nous saluent joyeusement et échangent trois mots avec notre guide.
Ksar de Zénaga : mécamisme de porte
Finalement, au détour d'une rue la palmeraie s'ouvre devant nous.
Ksar de Zénaga : la palmeraie
Chaque famille propriétaitre de parcelles dans la palmeraie à droit à un arrosage tous les vingt jours en hiver et tous les quinze jours en été, et chaque famille posséde un "juge" c'est le grand bâton marron, qu'il plante à l'endroit prévu dans la source. Lorsque l'arrosage est terminé, avec le crayon, il fait une marque sur le juge ensuite, il contrôle combien d'eau il à dépensé avec la réglette en roseau vert. Chaque encoche correspond à 1/4 d'heure. 4 petites encoches égalent une heure et l'encoche plus bas égale aussi une heure. ainsi on peut calculer combien d'eau on a utilisé. Une heure; une heure et quart ; une heure et demi ; une heure trois quart et deux heures . Le prix est 25 dirhams de l'heure soit environ 2€50
Ksar de Zénaga, les instruments de mesure de l'eau : le "juge", la réglette avec ses encoches et le crayon .
Après cette longue promenade dans le ksar et la palmeraie, Mohammed nous amène visiter le petit musée de Zénaga qui se trouve hors les murs, dans une ancienne école publique . Là un charmant instituteur à la retraite nous fait visiter le musée où sont exposés des outils traditionnels. En bonne et dû place, l'énorme clef de la porte principale du ksar, quelques silex polis et quelques tessons néolithiques trouvés dans le tumulus proche des pétroglyphes de Figuig . Ensuite, il nous ouvre les salles dédiées à l'association : ateliers de tissage pour les dames, salles de cours où les élèves qui le veulent peuvent venir travailler, bibliothèque et salle de spectacle pour les jours de fête, tout ça autour d'une cour centrale .
Aujourd'hui, il y a , à Figuig, une école primaire, un collège et un lycée . Les jeunes n'ont donc besoin d'aller à Oujda qu'au moment d'aborder leurs études supérieures.
Ksar de Zénaga, la rue avant de déboucher sur la palmeraie.
Alain MARC 12/08/2008 22:32